Tuto alpinisme : encordement mode d’emploi 

L’alpinisme est une activité qui demande une préparation rigoureuse et une connaissance approfondie des techniques d’encordement. L’encordement est une compétence essentielle pour garantir la sécurité en montagne, que ce soit sur glacier, rocher ou neige. Il est crucial de comprendre les principes de base pour adapter l’encordement à chaque situation. Voici un guide complet pour vous aider à maîtriser cette technique.

Se poser les bonnes questions

Avant de partir en montagne, il est essentiel de se poser les bonnes questions. L’encordement n’est pas une science exacte, et chaque situation nécessite une adaptation particulière. Voici quelques questions à se poser :

• Quel est le terrain que je vais rencontrer ?
• Quelle est la météo prévue ?
• Quel est le niveau de compétence de mes partenaires ?
• Quelle est la longueur de corde nécessaire ?
• Y a-t-il des points d’assurage disponibles ?

Ces questions vous aideront à déterminer le type d’encordement à adopter. Il est important de ne pas négliger cette étape, car une mauvaise décision peut avoir des conséquences graves.

S’encorder ou pas ?

La décision de s’encorder ou non dépend de plusieurs facteurs. Sur un glacier bien visible en plein été, où les crevasses sont apparentes, il peut ne pas être nécessaire de s’encorder, surtout si vos partenaires sont expérimentés. Cependant, en début de saison, lorsque les crevasses sont recouvertes de neige, l’encordement devient indispensable.

De même, dans un couloir de neige raide, s’encorder peut être une sécurité supplémentaire, surtout si vous accompagnez des débutants. La chute d’une personne peut entraîner celle des autres, et il est crucial de pouvoir freiner cette chute.

L’encordement c’est simple ?

L’encordement peut sembler simple, mais il nécessite une bonne connaissance des techniques et une adaptation constante aux conditions du terrain. Il n’existe pas de règle universelle, et chaque situation demande une évaluation spécifique. Voici quelques principes de base à respecter :

• Encordement court : Utilisé pour retenir une personne en cas de faux pas, par exemple sur une arête rocheuse avec des points d’assurage.
• Encordement moyen : Adapté aux glaciers où les crevasses sont présentes mais pas forcément visibles. Il permet de réagir en cas de chute.
• Encordement long : Utilisé dans des zones éloignées ou lorsque l’autonomie est primordiale. Il permet de maximiser la distance entre les alpinistes pour éviter les chutes en chaîne.

Encordement à deux

L’encordement à deux est le mode classique en alpinisme. Il présente plusieurs avantages :

• Gestion rapide de la longueur de corde : Chaque alpiniste peut ajuster rapidement la longueur de corde en fonction des besoins.
• Progression rapide : Moins de personnes signifie moins de coordination nécessaire, ce qui permet une progression plus fluide.

Cependant, en cas de chute en crevasse, le second de cordée devra gérer seul la situation, ce qui peut être délicat. Il est donc crucial de maîtriser les techniques de mouflage et d’autosécours.

Encordement à trois

L’encordement à trois offre une sécurité supplémentaire en cas de chute en crevasse, car il y a toujours deux personnes à l’extérieur pour gérer la situation. Cependant, il demande plus de coordination et peut ralentir la progression.

• Avantages : Plus de force pour sortir une personne d’une crevasse, répartition des tâches en cas de secours.
• Inconvénients : Manœuvres plus longues, progression plus lente, surtout dans les passages techniques.

Encordement multiple

L’encordement multiple, au-delà de trois personnes, est à éviter autant que possible. Il est souvent observé dans des courses de masse, mais il présente des risques importants pour la sécurité. La distance entre les alpinistes est souvent trop courte, ce qui augmente le risque de chute en chaîne.

Le solo

Le solo en alpinisme est une pratique réservée aux alpinistes les plus expérimentés, ceux qui ont acquis une maîtrise parfaite des techniques de progression et de secours. Cette approche offre une liberté de mouvement inégalée et permet une progression rapide, sans les contraintes d’une cordée. Cependant, elle comporte des risques significatifs en cas d’accident, car l’alpiniste est entièrement livré à lui-même.

Avantages :

• Autonomie totale : Vous êtes seul maître de vos décisions et de votre rythme.
• Progression rapide : Pas de coordination nécessaire avec d’autres alpinistes, ce qui permet d’avancer plus vite.
• Liberté de décision : Vous pouvez ajuster votre itinéraire et vos pauses selon vos envies et besoins.

Inconvénients :

• Isolation en cas de problème : En cas d’accident ou de difficulté, vous êtes seul pour gérer la situation.
• Nécessité de maîtriser parfaitement les techniques de secours : Vous devez être capable de vous sortir de n’importe quelle situation sans aide extérieure.
• Responsabilité accrue : Chaque décision que vous prenez engage votre sécurité, sans possibilité de partager cette responsabilité avec un partenaire.

Le solo est donc une pratique exigeante qui demande une préparation minutieuse et une connaissance approfondie du terrain et des techniques alpines. Il est essentiel de bien évaluer ses compétences et de ne pas sous-estimer les risques avant de se lancer dans une telle aventure.

Autonomie, formation, expérience

L’autonomie en montagne est un objectif que tout alpiniste aspire à atteindre, mais elle ne s’acquiert pas du jour au lendemain. Elle est le fruit d’une formation rigoureuse et d’une expérience accumulée au fil des sorties. Pour devenir autonome, il est essentiel de ne pas précipiter les choses et de progresser à un rythme mesuré, en respectant chaque étape de l’apprentissage. Suivre une formation structurée est la première marche vers l’autonomie. Inscrivez-vous à des cours d’alpinisme où vous pourrez apprendre les techniques de base, comme le maniement de la corde et les nœuds, ainsi que des compétences plus avancées, telles que l’escalade sur glace ou la gestion des risques en haute montagne. Ces cours, dispensés par des professionnels, vous fourniront les connaissances théoriques et pratiques indispensables pour évoluer en toute sécurité.

Cependant, la formation ne fait pas tout. Sortir régulièrement est indispensable pour mettre en pratique ce que vous avez appris et pour vous familiariser avec différents types de terrains. Chaque sortie est une opportunité d’acquérir de l’expérience et de tester vos compétences dans des conditions variées. En multipliant les excursions, vous développerez votre capacité à prendre des décisions éclairées et à adapter votre approche en fonction des situations rencontrées. La montagne est un environnement imprévisible, et seule l’expérience vous permettra de réagir efficacement face à l’inattendu.

Enfin, observer et apprendre des alpinistes plus expérimentés est une démarche enrichissante. Lors de vos sorties, prenez le temps d’analyser les techniques utilisées par vos partenaires plus aguerris. Leur expérience est une mine d’or d’informations et de conseils pratiques. N’hésitez pas à poser des questions et à solliciter leurs avis sur vos propres pratiques. Le partage de connaissances est une tradition bien ancrée dans le milieu de l’alpinisme, et il contribue grandement à la progression de chacun. En combinant formation, expérience et observation, vous construirez les bases solides nécessaires pour devenir un alpiniste autonome et responsable, capable de faire face aux défis que la montagne vous réserve.

Pour finir…

L’encordement est une compétence essentielle en alpinisme qui demande une adaptation constante aux conditions du terrain et aux compétences des partenaires. Il n’existe pas de règle universelle, et chaque situation nécessite une évaluation spécifique. En suivant une formation solide et en acquérant de l’expérience, vous pourrez progresser en toute sécurité et profiter pleinement de vos sorties en montagne. N’oubliez pas que la sécurité est primordiale et que chaque décision doit être mûrement réfléchie. Bonnes courses à tous ! ⛰️🏔️