L’histoire fascinante des expéditions sur l’Everest

L’histoire fascinante des expéditions sur l’Everest

L’Everest, avec ses 8 848 mètres d’altitude, est le sommet le plus haut du monde. Il a toujours exercé une immense fascination sur les alpinistes du monde entier. Le toit du monde, comme on l’appelle souvent, symbolise non seulement la grandeur de la nature, mais aussi la ténacité, la volonté et l’ambition humaine. De nombreuses tentatives de conquête ont été réalisées depuis le début du XXe siècle, et chacune d’elles a marqué l’histoire de l’alpinisme de manière unique. Que ce soit les expéditions ratées, les triomphes ou les tragédies, l’histoire de l’Everest est riche en rebondissements. Cet article explore les origines des expéditions sur l’Everest, les exploits marquants et les défis toujours présents pour ceux qui rêvent d’atteindre son sommet.

Le rêve de l’inaccessible

Avant même que les premières expéditions humaines ne s’élancent vers le sommet de l’Everest, la montagne était entourée de mystère et de légende. Au Tibet, elle est appelée Chomolungma, ce qui signifie « déesse mère de la terre ». Ce nom sacré reflète la vénération que les populations locales avaient pour cette montagne imposante. Cependant, pour les explorateurs européens, ce n’était pas la légende qui les attirait, mais plutôt la soif de découvrir et de conquérir le point culminant de la planète.

Les premières tentatives de gravir l’Everest remontent aux années 1920, à une époque où l’alpinisme était encore dans ses balbutiements en termes de technique et d’équipement. En 1921, une équipe d’alpinistes britanniques dirigée par Charles Howard-Bury organise la première expédition reconnue officiellement. Cependant, à cette époque, il était impossible d’atteindre le sommet depuis le Népal, et l’équipe choisit un itinéraire passant par le Tibet. Cette expédition ne parvient pas à gravir le sommet, mais elle établit les premières cartes topographiques de la région et identifie la voie nord comme une possible route vers le sommet.

Trois ans plus tard, en 1924, une nouvelle tentative est lancée, cette fois avec George Mallory et Andrew « Sandy » Irvine. C’est probablement l’une des expéditions les plus mystérieuses et les plus tragiques de l’histoire de l’Everest. Mallory, célèbre pour sa phrase « Parce qu’il est là », en réponse à la question de savoir pourquoi il voulait escalader l’Everest, disparaît avec Irvine quelque part près du sommet. Jusqu’à aujourd’hui, il reste un mystère : ont-ils atteint le sommet avant de périr, ou ont-ils été emportés avant d’accomplir cet exploit monumental ? Le corps de Mallory sera retrouvé en 1999, mais le mystère sur leur sort demeure.

Les années de gloire

L’après-guerre marque une nouvelle ère pour les expéditions sur l’Everest. Les techniques d’alpinisme s’améliorent, de même que l’équipement. En 1953, c’est au tour de l’expédition britannique dirigée par John Hunt de tenter sa chance. Parmi les membres de cette équipe, deux hommes marqueront à jamais l’histoire : Edmund Hillary, un alpiniste néo-zélandais, et Tenzing Norgay, un sherpa népalais. Le 29 mai 1953, après de nombreuses difficultés et des jours d’acclimatation en haute altitude, Hillary et Norgay atteignent enfin le sommet de l’Everest. Cet exploit, qui restera gravé dans les mémoires, est une victoire pour l’ensemble de l’humanité, et pas seulement pour l’équipe britannique.

Ce succès est d’autant plus marquant qu’il symbolise la collaboration entre les alpinistes occidentaux et les sherpas, ces guides de montagne originaires du Népal, qui deviendront les partenaires indispensables des expéditions futures. Bien que Hillary ait reçu une grande reconnaissance internationale pour cet exploit, lui-même n’a jamais cessé de rendre hommage à Tenzing Norgay, soulignant que sans l’aide de son partenaire, il n’aurait jamais atteint le sommet.

La première ascension réussie ouvre la voie à de nombreuses autres tentatives et à l’arrivée de nouveaux alpinistes, tous désireux de marcher sur les traces de Hillary et Norgay. Cependant, même avec les avancées technologiques, l’Everest reste un défi de taille, et chaque expédition comporte son lot de dangers.

Les tragédies de l’Everest

Si l’Everest est synonyme d’exploit et de gloire, il est aussi le théâtre de nombreuses tragédies. La montée en popularité de la montagne attire de plus en plus d’alpinistes, mais aussi des aventuriers moins expérimentés, ce qui accroît les risques. En 1970, l’Everest connaît une de ses premières grandes tragédies modernes, lorsque la célèbre expédition japonaise perd plusieurs membres dans des avalanches meurtrières.

Cependant, c’est en 1996 que la montagne montre toute son impitoyabilité. Ce qui devait être une saison de succès se transforme en cauchemar lorsque huit alpinistes périssent en un seul jour, victimes d’une violente tempête. Parmi les victimes se trouvent des membres des équipes dirigées par les célèbres guides Rob Hall et Scott Fischer, deux figures majeures du monde de l’alpinisme commercial à l’époque. Cette tragédie, rendue célèbre par le livre « Into Thin Air » de Jon Krakauer, met en lumière les dangers de la commercialisation de l’ascension de l’Everest et les défis que représentent la gestion de grandes équipes d’alpinistes dans des conditions aussi extrêmes.

L’accident de 1996 soulève également des questions sur l’impact du nombre croissant de personnes tentant de gravir l’Everest. Plus tard, dans les années 2010, des images de files d’attente d’alpinistes près du sommet, prises en pleine « haute saison » de l’Everest, font le tour du monde. Ces scènes illustrent non seulement les risques liés à la surpopulation, mais aussi la pression croissante sur l’environnement de cette montagne légendaire.

L’impact des sherpas et le rôle vital qu’ils jouent

Un aspect essentiel des expéditions sur l’Everest, souvent sous-estimé, est le rôle joué par les sherpas. Ces guides locaux, dont les ancêtres vivaient déjà dans les vallées entourant l’Everest bien avant l’arrivée des premiers alpinistes européens, sont devenus les alliés indispensables de toute expédition en haute montagne. Grâce à leur capacité naturelle à s’acclimater rapidement à l’altitude et à leur connaissance intime du terrain, les sherpas permettent à de nombreux alpinistes d’atteindre des sommets qu’ils n’auraient peut-être jamais pu gravir seuls.

Cependant, l’importance des sherpas dans les expéditions soulève aussi des questions éthiques. Si leur rôle est vital, leur travail est extrêmement dangereux. En 2014, une avalanche emporte 16 sherpas dans la région du Khumbu Icefall, un accident qui met en lumière les risques disproportionnés auxquels ces guides sont exposés. Les sherpas, tout en aidant les alpinistes étrangers à réaliser leur rêve, paient souvent un prix élevé. Cette tragédie ravive le débat sur la rémunération des sherpas et sur la sécurité des expéditions commerciales.

Malgré les dangers, les sherpas continuent de jouer un rôle crucial dans les expéditions modernes. Certains d’entre eux, comme Apa Sherpa, qui a gravi l’Everest 21 fois, deviennent eux-mêmes des légendes dans le monde de l’alpinisme. Leur force, leur résilience et leur expertise sont autant de facteurs qui ont permis à de nombreuses personnes de réaliser leur rêve de gravir le plus haut sommet du monde.

La commercialisation de l’Everest

Avec le temps, l’ascension de l’Everest est devenue un véritable business. Des centaines d’agences proposent désormais des expéditions commerciales, permettant à des alpinistes amateurs de tenter l’ascension moyennant des sommes considérables, souvent dépassant les 60 000 euros. Cette « démocratisation » de l’Everest a permis à un plus grand nombre de personnes de tenter l’expérience, mais elle a également entraîné une série de nouveaux défis.

D’une part, la commercialisation a permis de professionnaliser les expéditions, avec des guides mieux formés, des équipements plus performants et des itinéraires mieux planifiés. Mais d’autre part, elle a aussi entraîné une surfréquentation des voies d’accès à la montagne. En pleine saison, il n’est pas rare de voir des embouteillages d’alpinistes attendant de gravir les derniers mètres menant au sommet. Ces situations augmentent les risques, notamment en raison des conditions météorologiques imprévisibles et de l’épuisement des ressources en oxygène à ces altitudes.

De plus, l’essor des expéditions commerciales a un impact environnemental préoccupant. L’Everest, autrefois considéré comme un sanctuaire, est désormais jonché de déchets laissés par les alpinistes : tentes abandonnées, bouteilles d’oxygène vides, et même des corps d’alpinistes morts, que les conditions extrêmes rendent impossibles à évacuer. La question de la préservation de l’environnement autour de l’Everest est devenue un enjeu majeur, et des initiatives pour nettoyer la montagne sont régulièrement organisées, bien que le problème soit loin d’être résolu.

Le futur des expéditions sur l’Everest

Avec des milliers de personnes tentant l’ascension chaque année, l’Everest fait face à de nouveaux défis. Les gouvernements du Népal et du Tibet, conscients des enjeux économiques mais aussi des risques pour l’environnement et la sécurité des alpinistes, commencent à réguler plus strictement les expéditions. Des quotas d’alpinistes, des permis plus coûteux et des initiatives de nettoyage sont mises en place, mais l’attrait de l’Everest reste fort.

Les progrès technologiques continuent également de jouer un rôle majeur dans l’avenir des expéditions. Les équipements modernes permettent de réduire les risques, mais certaines voix s’élèvent pour dire que l’expérience de l’Everest est de plus en plus dénaturée. Les alpinistes traditionnels craignent que l’exploit d’escalader le toit du monde ne soit plus considéré comme un véritable défi, mais comme une activité presque accessible à tous, à condition d’avoir les moyens financiers suffisants.

Malgré ces défis, l’Everest continuera d’être un symbole d’aventure, de courage et de dépassement de soi. Son histoire est celle de l’humanité face à la nature, une histoire faite de triomphes et de tragédies, et qui, malgré les épreuves, ne cesse de fasciner. Chaque expédition, qu’elle soit réussie ou non, est un rappel du pouvoir de la nature et de la ténacité humaine.

En fin de compte, l’Everest restera un lieu de rêve pour ceux qui aspirent à toucher le ciel, mais il sera aussi un lieu de réflexion sur les limites que nous devrions, ou ne devrions pas, franchir dans notre quête de conquêtes.

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